Avec des transferts de fonds atteignant 7 milliards de dinars en 2022, la diaspora tunisienne se positionne comme un acteur incontournable pour l’économie du pays, surpassant même des secteurs traditionnels tels que le tourisme. En plus de fournir une source stable de devises, les Tunisiens résidant à l’étranger investissent dans l’immobilier, les services, et les projets innovants, créant ainsi des emplois et dynamisant les régions marginalisées. L’engagement de la diaspora ne se limite pas à des aspects financiers, mais englobe également un transfert précieux de compétences et d’expertise, contribuant au renforcement de l’économie tunisienne dans un contexte global de défis.
La diaspora tunisienne joue un rôle crucial dans l’économie de la Tunisie actuelle, contribuant de manière significative aux revenus en devises et à l’investissement. En 2022, les transferts de fonds de la diaspora ont atteint un montant record de 7 milliards de dinars, couvrant 65 % de la dette extérieure de la Tunisie. Ces transferts ont continué de croître malgré les défis mondiaux, atteignant 1.810 millions de dinars à la fin mars 2024, marquant une augmentation de 4 % par rapport à l’année précédente.
Dans ce contexte, Bochra Jaziri, avocate en droit des affaires, qui accompagne depuis plusieurs années la diaspora tunisienne, tant particuliers qu’entreprises, dans leur implantation en Tunisie, nous a expliqué que ces fonds représentent une source stable de devises pour le pays, souvent surpassant d’autres secteurs économiques clés comme le tourisme. En plus des transferts financiers, la diaspora contribue également à travers des investissements directs dans divers secteurs, notamment les services et l’immobilier. Les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) sont également des entrepreneurs potentiels, exploitant leurs compétences et réseaux professionnels développés à l’étranger, pour créer des entreprises et des emplois en Tunisie.
De plus, des initiatives comme le projet Mobi-TRE illustrent l’engagement de la diaspora à soutenir le développement régional et à créer des opportunités d’emploi dans les zones marginalisées. Ces efforts montrent que la diaspora tunisienne est non seulement une source de financement, mais aussi un acteur clé dans le renforcement de l’économie nationale et la réduction des inégalités économiques.
La diaspora tunisienne est particulièrement active dans plusieurs secteurs clés, contribuant de manière significative à l’économie tunisienne. Les Tunisiens résidant à l’étranger sont bien connus pour leur investissement dans l’immobilier, souvent qualifié de «brique», ce qui constitue une partie importante de leurs contributions financières à l’économie tunisienne. Une proportion significative des investissements de la diaspora se dirige vers le secteur des services. En 2021, 14 % des investissements des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) étaient destinés à ce secteur, ce qui en fait l’un des domaines les plus attractifs pour les investissements. De nombreux membres de la diaspora, en particulier ceux possédant des compétences et des réseaux professionnels développés à l’étranger, s’investissent dans l’entrepreneuriat. Ils montent des entreprises, introduisent de nouveaux produits sur le marché tunisien et créent des emplois. En 2014, par exemple, les TRE employeurs représentaient 28 % des migrants de retour. La diaspora s’engage également dans des projets innovateurs et des initiatives de développement, notamment dans les régions marginalisées de la Tunisie. Le projet Mobi-TRE, par exemple, favorise l’investissement dans des secteurs comme l’agriculture, l’artisanat, et l’agroalimentaire, en ciblant les régions du Nord-Ouest et du Sud-Est de la Tunisie.
Les compétences acquises par la diaspora à l’étranger leur permettent de jouer un rôle dans des secteurs techniques et spécialisés. Leur savoir-faire contribue au développement de projets dans des domaines tels que les TIC, les technologies de l’information, et d’autres industries de haute technologie. En résumé, la diaspora tunisienne est active dans les secteurs de l’immobilier, des services, de l’entrepreneuriat, des projets innovants et des technologies, apportant à la fois des ressources financières et des compétences précieuses à l’économie tunisienne.
D’après son expérience professionnelle en accompagnant des clients TRE souhaitant investir en Tunisie, Mme Jaziri nous a indiqué que la diaspora tunisienne se concentre sur divers types d’investissements, en mettant particulièrement l’accent sur l’immobilier, les initiatives entrepreneuriales et les projets innovateurs. Les investissements dans l’immobilier, notamment dans l’achat de biens immobiliers, sont populaires car ils offrent une sécurité financière et un sentiment de stabilité. En parallèle, les membres de la diaspora investissent largement dans le secteur des services, attirés par les opportunités qu’il offre en termes de croissance économique et de retour sur investissement. De plus, de nombreux Tunisiens résidant à l’étranger s’engagent dans des initiatives entrepreneuriales, en lançant de nouvelles entreprises et en apportant des innovations sur le marché tunisien. Ces investissements se concentrent souvent sur des secteurs comme les technologies de l’information, les services financiers et d’autres industries modernes qui bénéficient de l’expérience et des compétences acquises à l’étranger. Ces projets permettent souvent de capitaliser sur les compétences et les réseaux développés par les investisseurs à l’étranger, apportant ainsi une valeur ajoutée substantielle. Les projets innovateurs, tels que ceux soutenus par le programme Mobi-TRE, attirent également l’intérêt de la diaspora, car ils permettent de soutenir le développement régional, en particulier dans les régions défavorisées.
“En accompagnant des clients TRE, j’ai constaté que ces investissements ne se limitent pas uniquement à des secteurs traditionnels, mais incluent aussi des initiatives dans l’agriculture, l’artisanat et l’agroalimentaire, reflétant une approche diversifiée et une volonté de contribuer à divers aspects de l’économie tunisienne. En somme, la diaspora tunisienne privilégie des investissements variés, en visant des secteurs prometteurs pour maximiser leur impact économique et social”, a-t-elle ajouté.
L’impact de la diaspora tunisienne sur l’économie nationale
“En accompagnant des clients TRE souhaitant investir en Tunisie, j’observe que l’impact global de la diaspora tunisienne sur l’économie nationale est considérable et multiforme. Les transferts de fonds effectués par les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) constituent une source cruciale de devises pour le pays. À titre d’exemple, en 2023, ces transferts ont atteint plus de 7 milliards de dinars, contribuant à couvrir une partie significative de la dette extérieure de la Tunisie. Ces flux financiers sont particulièrement stables et résilients, même en période de crise économique mondiale, comme en témoignent les augmentations continues des transferts depuis 2011, y compris durant la crise sanitaire du Covid-19”, a-t-elle encore précisé.
Mais l’impact de la diaspora ne se limite pas uniquement aux transferts monétaires. Les TRE jouent également un rôle clé en tant qu’investisseurs et entrepreneurs, apportant des compétences, des réseaux et des capitaux qui stimulent divers secteurs de l’économie tunisienne. Les secteurs de l’immobilier et des services ont particulièrement bénéficié de ces investissements. En outre, des initiatives comme le projet Mobi-TRE montrent que la diaspora s’implique activement dans le développement régional, en particulier dans les régions marginalisées du Nord-Ouest et du Sud-Est, par le biais d’investissements dans l’agriculture, l’artisanat et l’agroalimentaire.
Elle a souligné que l’engagement de la diaspora va au-delà du simple investissement financier. Les Tunisiens de l’étranger participent à des projets qui renforcent le tissu social et culturel, contribuent à l’innovation et à l’entrepreneuriat, et créent des opportunités d’emploi pour les jeunes et les femmes. Cela est particulièrement visible dans les efforts de soutien aux petits entrepreneurs à travers des programmes de financement et d’accompagnement, tels que le projet Widu, qui a mobilisé d’importants fonds pour des investissements privés.
“En somme, la diaspora tunisienne a un impact global significatif sur l’économie nationale, agissant comme un moteur de croissance, de stabilité et de développement. Leur contribution est essentielle pour soutenir la résilience économique de la Tunisie et promouvoir un développement inclusif et durable”.
Renforcer la contribution de la diaspora
Pour renforcer la contribution de la diaspora à la relance économique de la Tunisie, plusieurs pistes peuvent être explorées. L’une des principales barrières pour les investisseurs de la diaspora reste la complexité administrative et la rigidité de certaines régulations. Il est crucial de simplifier les procédures administratives et d’améliorer le cadre juridique pour faciliter les investissements. Par exemple, l’adoption d’un nouveau code des changes pourrait encourager la libéralisation des flux financiers et faciliter les transactions pour les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE). Une meilleure clarté et transparence des lois fiscales et des incitations pour les investissements étrangers pourraient également attirer davantage de capitaux. Offrir des avantages fiscaux et des incitations financières spécifiques aux membres de la diaspora qui souhaitent investir en Tunisie serait une étape significative. Cela pourrait inclure des exonérations fiscales pour les investissements dans des secteurs stratégiques ou des réductions d’impôts pour les projets créateurs d’emplois. “Ces mesures doivent être bien communiquées et accessibles pour encourager une plus grande participation de la diaspora. La création de guichets uniques pour les investisseurs de la diaspora, qui offrent des services de conseil, des informations sur les opportunités d’investissement et une assistance dans les démarches administratives, pourrait grandement faciliter le processus d’investissement. Des plateformes numériques pourraient également être développées pour permettre une interaction directe entre la diaspora et les institutions tunisiennes”, a-t-elle précisé. Jaziri a également mentionné que promouvoir des programmes de migration circulaire qui permettent aux TRE de travailler temporairement en Tunisie pourrait favoriser le transfert de compétences et d’expertise. Cela inclut des programmes de mentorat, des échanges de compétences, et des initiatives de formation en collaboration avec les institutions tunisiennes. A cet égard, la diaspora peut jouer un rôle clé dans le développement de secteurs innovants et durables, tels que les technologies de l’information et de la communication (TIC), les énergies renouvelables, et l’agriculture biologique. Encourager les investissements dans ces secteurs peut non seulement stimuler l’économie, mais aussi contribuer à un développement durable. Établir un dialogue constructif entre les autorités tunisiennes et la diaspora est essentiel pour bâtir la confiance et encourager un engagement plus fort. Cela pourrait inclure des consultations régulières, la création de conseils consultatifs composés de membres de la diaspora, et l’intégration de représentants de la diaspora dans les processus décisionnels liés au développement économique. En conclusion, les perspectives futures pour renforcer la contribution de la diaspora à la relance économique de la Tunisie reposent sur des réformes réglementaires, des incitations ciblées, le développement d’infrastructures de soutien, et la promotion de secteurs stratégiques. Ces efforts, combinés à un dialogue renforcé et à une collaboration avec les institutions tunisiennes, peuvent maximiser l’impact positif de la diaspora sur l’économie nationale, a conclu Mme Jaziri.